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Page:Féval - Les Cinq - 1875, volume 2.djvu/159

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saint s’adresserait au diable. D’ailleurs, je suis là, Dieu merci… Vous allez retourner à l’hôtel. Quelqu’un y veillera sur vous. Si Joseph Chaix vous manquait, donnez vos ordres à Lorenzin…

— C’est le valet de Pernola ! s’écria Charlotte effrayée.

— Et dites-lui, continua M. Chanut : « M. Vincent vous souhaite le bonjour. » Là-bas, chez la marquise de Sampierre, faites bien attention à ceci, vous êtes chez vous aussi parfaitement que si vous étiez la fille de Michela Paléologue, et le comte Pernola le sait bien. Il avait ses raisons pour souhaiter votre alliance… ou votre mort. Il se passera de l’une et de l’autre, s’il plaît à Dieu. Quand vous allez revoir Édouard Blunt…

— Ah ! je ne le reverrai jamais ! s’écria Charlotte qui éclata tout à coup en sanglots.

— Pourquoi cela ? demanda Chanut étonné.

— Il aime cette femme de Ville-d’Avray ! Elle est si belle ! je sais tout. Il l’aime ! il l’aime !

— Qui vous l’a dit ?

— Une lettre.

— Anonyme ?

— Qu’importe si elle ne ment pas ? Édouard devait venir hier au soir. La lettre m’a dit : il ne viendra pas… et il n’est pas venu !

Ses joues étaient baignées de larmes.

Vincent Chanut avait aux lèvres un bon sourire.

— Quand vous allez le revoir, continua-t-il, comme si de rien n’eût été, gardez-le. C’est ici votre rôle et vous saurez le jouer, j’en suis sûr. Cette femme a beau être