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Page:Féval - Les Cinq - 1875, volume 2.djvu/17

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— Où est-il ?

— Dans ma main.

— Qui est-il ?

— Votre associé et votre maître.

— C’est lui le no 1 ! prononça tout bas Mylord.

La baronne souriait. Mylord était sombre comme la nuit. Il semblait réfléchir profondément.

— C’est bien, reprit-il, je le tuerai ; j’en ai le droit puisqu’il me prend ce qui est à moi. Le vrai Sampierre est mort ; vous avez fabriqué celui-là, et il doit être mieux réussi que moi, car il n’y a rien de si adroit ni de si habile que vous. La femme est la coupe de perdition ! La femme est le serpent, source de tout venin ! La femme est le courtier infatigable qui voyage pour le compte de l’enfer ! La femme…

Il s’arrêta pour reprendre haleine. Il parlait avec une animation extraordinaire. Ses lèvres fiévreuses tremblaient. Quelque chose d’inouï s’agitait dans ce cerveau baroque où la tempête couvait toujours sous l’apparence du calme plat.

Laure se tenait sur ses gardes et elle avait raison, car elle allait subir une rude attaque.

— La femme, reprit Mylord en fermant les poings, est la pierre d’achoppement spirituel, la tentation, la damnation ! Je hais la femme. Jos. Sharp m’avait dit : « Tout est permis excepté la femme ! » il avait raison, mais il ajoutait : « À moins que ce ne soit pour affaires. » Il avait tort !… Écoutez-moi bien ! je suis jeune, j’ai des talents, de la conduite et des agréments personnels. Le léger défaut de symétrie qui incline ma tête n’a rien de