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Page:Féval - Les Cinq - 1875, volume 2.djvu/18

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répugnant puisqu’il provient d’une blessure. Je possède encore la fleur de ma candeur, je le jure ! Je puis vous sacrifier tout cela si vous voulez mettre de côté le no 1 et me donner sa place.

Il fixait sur la charmante baronne un regard mendiant, tout plein d’une étrange passion, mais plus froid que la glace : regard de Shylock adolescent qui dévore le bénéfice d’un marché.

Ce regard, Mme de Vaudré l’accueillait, l’enveloppait dans le plus coquet de ses sourires et « jouait avec », pour employer la formule vulgaire qui est académique chez nos voisins les Anglais.

— Est-ce que vous m’aimeriez, Donat ? dit-elle doucement.

Il fut un peu étonné. Le mot lui parut vif et surtout étranger à la question.

— Dans la purification du troisième ordre, répliqua-t-il, le célibat est recommandé comme supériorité d’état, mais le mariage n’est pas défendu. C’est ce qu’on nomme la tolérance du péché d’alliance, et le saint Nicholas Daws admet les excuses fondées sur l’intérêt sérieux. Que serait une religion qui entraverait Les affaires ?

— Un non-sens, répondit Laure… Vous m’intéressez beaucoup, Donat.

Mylord avait quelques gouttes de sueur sous les cheveux.

— Je consentirais donc, poursuivit-il, à contracter mariage avec vous, et alors vous partageriez légalement tous les avantages de ma nouvelle position, aussitôt que je serais reconnu en qualité d’héritier unique des fa-