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Page:Féval - Les Cinq - 1875, volume 2.djvu/217

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— Je vous suis obligé, dit-il, mais contre qui ?

— Contre celui, répliqua Charlotte, qui vient d’emporter d’ici votre fortune et votre vie.

— Battista s’est-il donc déjà vanté de cela ! s’écria le marquis étonné. Nous étions seuls tous deux : comment pouvez-vous savoir ce qui s’est passé entre nous ? Je gage qu’il vous fait un doigt de cour, ma belle nièce ? c’est encore un héritier de Sampierre celui-là !

— En effet, dit à voix basse Mlle d’Aleix, dont le front devint pourpre, j’ai subi cette honte d’écouter ses propositions de mariage. Il fallait cela pour le connaître. Je l’ai fait pour lui, ajouta-t-elle en serrant la main d’Édouard entre les siennes, et ensuite pour Domenica, ma seconde mère. M. le comte Pernola m’a suppliée d’abord, puis il m’a menacée, car il paraît que je n’ai dans cette maison aucun droit de famille. Du moins, M. le comte de Pernola me l’a-t-il donné à entendre.

Son regard interrogeait M. de Sampierre.

— Vous parlez nettement et fièrement, ma fille, dit celui-ci, dont le regard devint moins dur, mais Domenico ne parle pas, lui. Est-il muet ?

Il était froid et droit comme une statue, ce grand garçon d’Édouard.

— Monsieur, dit-il à son tour, je cherche à comprendre et je n’y parviens pas. Je viens de très-loin. Il me semble que vous raillez quand vous m’appliquez ce nom de Domenico. Je n’ai pas mérité cette moquerie. Si je ne craignais de vous offenser, vous qui êtes peut-être mon père, je vous dirais la vérité vraie : mon nom a