Page:Féval - Les Cinq - 1875, volume 2.djvu/289

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Mylord se leva. Il était blême de passion.

— Vous serez généreusement payés, balbutia-t-il avec l’emphase chevrotante des gens ivres. C’est moi ! vous savez bien que c’est moi ! gentlemen ! messieurs ! mes amis ! mes chers amis ! Rien ne me coûtera. Je me ruinerai pour vous enrichir ! Et j’épouserai madame la baronne, qui sera comtesse, marquise, princesse !…

Il y eut autour de lui un éclat de rire général. Les larmes lui vinrent aux yeux : larmes de convoitise ardente où la colère se mêlait déjà.

— Je vous en prie, continua-t-il en joignant ses mains qui tremblaient, je vous en prie, laissez-moi faire cette affaire-là… madame ! oh ! madame ! Vous serez heureuse avec moi ! J’ai de l’amour pour vous ; ah ! de l’amour brûlant : seulement je ne sais pas l’exprimer parce que j’ai vécu dans l’innocence et dans la modestie. Je suis très-doux, doux comme les petits enfants ; je vous obéirai. La mollesse, le luxe, les plaisirs seront votre partage, et je vous respecterai… tenez ! comme si vous étiez ma mère !

L’hilarité redoubla sur ce mot. Mylord eut du sang dans les yeux.

Mais sa voix devint plus suppliante encore. On devinait qu’il avait envie de s’agenouiller.

Mœris et Moffray ne voyaient là qu’un fait grotesque.

Laure songeait, l’œil à terre et les sourcils froncés.

Le Poussah regardait bouche béante.

Mylord continuait :