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Page:Féval - Les Cinq - 1875, volume 2.djvu/308

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Tous les deux se levèrent à la vue de Laure. Ils avaient l’air ému des gens qui ont failli se laisser surprendre.

Et pourtant, toute la largeur de la pièce les séparait l’un de l’autre. Édouard était près de la porte du billard tandis que Charlotte occupait un fauteuil, non loin de la porte d’entrée.

Laure se dit :

— Il y avait quelqu’un là !

Et elle songea tout de suite à Vincent Chanut.

Laure put remarquer encore que Mlle d’Aleix ne manifesta aucun étonnement à sa vue. Son trouble était d’une autre nature et beaucoup plus profond.

La bonne Savta, assise sur la borne de velours qui occupait le milieu du boudoir, se leva la dernière et fit la révérence.

Quant à Laure elle-même, c’est à peine si nous avons besoin de dire que, en apparence, elle avait repris tout son calme.

C’était une femme de combat, et une joueuse ; vous savez l’histoire de ce joueur qui souriait en perdant des millions, mais qui se déchirait la poitrine avec ses ongles.

Laure salua Charlotte et tendit sa main à Édouard qui la prit.

— Eh bien ! dit-elle en promenant son regard plein de sérénité de la jeune fille à son compagnon, voici donc mon grand mystère percé à jour ! Vous me devancez de quelques heures. Je ne comptais pas retirer mon masque avant ce soir…

Elle allait continuer ; Charlotte l’interrompit :