Page:Féval - Les Cinq - 1875, volume 2.djvu/35

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léger. Le temps écoulé est si long ! Il y a dix-huit ans, quand ma sœur quitta la France pour la première fois, elle laissait derrière elle un enfant.

— De quel sexe ?

— Une petite fille.

— À Paris ?

— Non. L’enfant était en nourrice dans le pays de notre famille, chez une paysanne des Hautes-Pyrénées, aux environs d’Argelès.

— Avez-vous le nom de cette paysanne ?

— À cet égard, dit Laure en lui tendant un papier, voici toutes les indications que vous pouvez souhaiter.

M. Chanut jeta un regard sur la note et demanda :

— Y a-t-il eu déjà des démarches de faîtes ?

— Oui, plusieurs.

— Ont-elles eu un résultat ?

— Un mauvais résultat. La paysanne vit encore, mais elle refuse tous renseignements. Ses voisins disent qu’une dame, une étrangère, vint la voir vers l’année 1851, et lui donna beaucoup d’argent pour avoir la petite fille…

— Et cette dame avait nom ?

— Seule, la nourrice pourrait la faire connaître.

— Est-ce tout ?

— C’est malheureusement tout.

M. Chanut ferma son calepin.

— On peut essayer, dit-il.

Laure se leva. Sa joue, tout à l’heure si pâle, avait du sang sous la peau. Elle tendit à M. Chanut un billet de cinq cents francs que celui-ci mit dans sa poche.