Page:Féval - Les Cinq - 1875, volume 2.djvu/34

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près douze cents francs de rente ; vous jugez si je vais faire de mon mieux… m’est-il permis de glisser un petit erratum ? J’ai omis tout à l’heure d’aborder un sujet assez délicat, et pour lequel je vous demande toute votre indulgence. Au temps où décéda le vieux prince Michel Paléologue, il fut dit que cette jeune Maria Strozzi avait essayé en vain de faire valoir certains droits, fort réels, mais non reconnus par la loi…

— Monsieur Chanut, interrompit Laure avec une fierté austère, je vous ai livré le passé de ma sœur, mais tenez-vous ceci pour dit : en toute ma vie, je n’ai connu qu’une vraie sainte, c’est ma mère. Ni Maria, ni moi, nous n’avons aucun droit d’aucune sorte à l’héritage d’autrui.

— Cependant, voulut insister Vincent, un souvenir qui m’est personnel…

Laure l’arrêta encore, disant :

— Je vous rappelle que le docteur Strozzi avait fait de ma sœur son esclave et que les gens comme lui sont capables de toutes les supercheries.

Vincent se tut et reprit son carnet. Laure poursuivit :

— Pour ce qui regarde mon affaire privée, celle qui m’avait principalement donné le désir d’entrer en relations avec vous, ma modeste aisance est hors de toute proportion avec l’opulence de la princesse marquise : je vous offre vingt-cinq louis pour vous mettre en campagne et trois mille francs si vous réussissez.

— À quoi ? demanda Chanut. Précisons la besogne.

— Elle est malaisée, je le crois, dit Laure qui, malgré toute son habileté, ne put dissimuler un embarras