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Page:Féval - Les Cinq - 1875, volume 2.djvu/388

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La grande avenue était brillamment éclairée de bout en bout et incessamment traversée par les équipages.

Les fourrés, protégés par le bois et par le pavillon même, restaient dans une obscurité profonde.

À une trentaine de pas des deux fenêtres, par où le comte Pernola avait entendu ce bruit suspect pendant sa décisive entrevue avec M. de Sampierre, quatre hommes bivouaquaient au plus épais des massifs, mais sans feu ni chandelle.

Ils ne fumaient ni ne buvaient.

Ils ne causaient même pas et nous n’avons d’autre moyen de les désigner au lecteur que le plus simple de tous ; écrire leur nom en toutes lettres.

C’était le contingent levé par le père Preux dans ses fiefs du Gros-Caillou, derrière les Invalides : Frotin, Renaud, Lamèche et Le Hotteux.

Aussitôt après avoir franchi l’échelle, ils étaient venus du grand mur de la cité Donon jusqu’ici sans traverser aucun des espaces éclairés occupés par la fête. Laure, Mœris et Moffray les avaient conduits, toujours sous bois, en faisant un tour énorme par derrière l’hôtel.

À un certain endroit, voisin de la poterne, située en face de la maison de l’aveugle, ils avaient rencontré le Poussah, qu’ils connaissaient de reste, soutenu par un jeune homme en toilette de bal qui leur était inconnu.

Leurs conducteurs se trouvèrent être alors plus nombreux qu’eux-mêmes : Ils étaient cinq, y compris la belle dame que Le Hotteux avait embrassée et qui avait mis fin à ces gaietés en appuyant au nœud de sa gorge un joujou dont la pointe ne plaisantait pas.