Page:Féval - Les Cinq - 1875, volume 2.djvu/47

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grogs, dans la salle à manger, séparée seulement par une porte entr’ouverte du salon où les hôtes de Mme Marion tenaient conseil.

— Voici quelqu’un, dit papa Cervoyer, entrebâillant la porte extérieure et montrant les manches de Baptiste relevées jusqu’au coude, qui vient donner un coup d’épaule à je sais bien qui… pour le bon motif.

Mlle Félicité rougit, sourit à la cravate bleue et remercia l’épingle d’or. Baptiste entra.

L’ennemi était dans la place, et chacune de ses oreilles s’ouvrait déjà, large comme le pavillon d’une trompe de chasse.

Les premiers mots qu’il entendit, en baisant galamment la main de Mlle Félicité, le mirent en goût.

— Laissez parler le père Preux, disait-on ; allez, père Preux !

Et une voix essoufflée répondit :

— Le père Preux vous connaît tous, mes cadets, sur le bout de son petit doigt, mais d’abord, fermez les portes, crainte des courants d’air !

Quelqu’un se leva pour exécuter l’ordre du père Preux qui continua :

— En second lieu, il manque quelqu’un ici : les Cinq ne sont que quatre, et le père Preux ne se déboutonnera pas, tant qu’on ne lui aura pas montré le no 1, ce petit tout en or, qui vaut la Californie.

La phrase fut coupée par la porte qui se fermait bruyamment, et M. Chanut n’entendit plus rien.