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Page:Féval - Les Cinq - 1875, volume 2.djvu/68

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C’était elle-même, à un degré tout à fait frappant, non point telle que l’âge l’avait faite, mais telle que nous la vîmes, il y a vingt ans, en l’année de sa seconde grossesse, à la fois enfant et femme, admirée curieusement par le « tout Paris » des élégances illustres.

Dans le portrait, elle avait cette toilette orientale qui fut tant remarquée à la fameuse fête de l’hôtel Paléologue.

Le jeune homme de l’autre portrait pouvait avoir dix-neuf ou vingt ans. Ses traits et son port rappelaient ceux du marquis Giammaria de Sampierre au temps de son mariage, mais il avait le regard de Domenica.

La signature des deux toiles était la même : Giammaria Sampietri de Sampierre.

Je ne saurais dire pourquoi cette pièce, malgré la lumière qui l’inondait et la gaieté de l’ameublement, avait dans son aspect quelque chose de mélancolique. On y respirait cette odeur particulière aux appartements campagnards qu’on rouvre après l’hiver pour le retour des maîtres.

En plein Paris, les sens et surtout l’esprit percevaient là comme une douloureuse saveur d’abandon.

C’est là que nous retrouvons le marquis Giammaria assisté de son fidèle cousin Giambattista Pernola. Le marquis avait peu changé depuis le temps ; son visage restait régulièrement beau et le dessin de ses traits avait gardé toute sa délicatesse. Seulement, ses cheveux abondants et fins étaient blancs comme la neige, ce qui faisait ressortir avec une sorte de dureté la ligne noire de ses sourcils.