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Page:Féval - Les Cinq - 1875, volume 2.djvu/69

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Une malle était ouverte au devant de l’alcôve. Pernola agenouillé la défaisait et tendait divers objets à un domestique d’aspect discret et doux comme Pernola lui-même, qui déposait les choses aux endroits que M. le marquis désignait, la plupart du temps, par gestes.

M. le marquis se promenait lentement de long en large et donnait un regard en passant, tantôt aux portraits, au paysage qu’il pouvait voir par les quatre fenêtres ouvertes.

— Cela ne dit rien à mon souvenir, murmura-t-il, et ce fut sa première parole. Mon fils Roland est bien plus ressemblant dans ma pensée et Mme la marquise ne m’a jamais souri ainsi. Ma mémoire cherche en vain une joie dans le passé.

— Vivez donc dans l’avenir, mon bien aimé cousin ! prononça Pernola avec chaleur. Ce jour doit commencer pour vous une ère nouvelle.

Il déballait en ce moment un objet qui tenait tout le fond de la grande malle carrée, et si exactement qu’on eût dit que la malle avait été mesurée en vue de cet objet.

C’était un châssis, enveloppé dans un fourreau de lustrine noire.

Le marquis Giammaria prévint le domestique qui allait le prendre et s’en saisit pour le porter lui-même au fond de l’alcôve.

Le regard du valet suivit l’objet et se releva vers le cadre vide qui était à droite de l’alcôve, en face du portrait de la marquise, comme pour faire la comparaison entre la mesure du cadre et celle du châssis.