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Page:Féval - Les Cinq - 1875, volume 2.djvu/82

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— C’est ma bien-aimée cousine Domenica, repartit Pernola, qui revient de chez sa sorcière pour donner un coup d’œil aux préparatifs de son bal de ce soir.

M. de Sampierre fit un bond de jeune homme. De toute cette phrase qui disait l’exacte vérité avec tant de perfidie, il n’avait entendu qu’un mot, un nom : Domenica.

Il écarta Pernola brusquement et prit sa place à l’entrebâillement des persiennes presque fermées.

Le regard qu’il glissa par l’étroite ouverture partit comme un coup de pistolet.

Pernola, rejeté ainsi en arrière, avait aux lèvres un sourire narquois et triomphant. Il pensait :

— Que va-t-il dire de cette bonne grosse maman lourde et rouge qui nourrit trop bien sa quarantaine ?

La voiture de Mme la marquise passait justement devant les croisées au pas de ses deux chevaux. M. de Sampierre demeura immobile et retenant son souffle tant que le visage de sa femme resta en vue.

Quand il cessa de voir, un profond soupir souleva sa poitrine et il dit :

— Battista, vous ne m’avez pas trompé ; elle est plus belle qu’autrefois, et je ne l’ai jamais si ardemment aimée !