Aller au contenu

Page:Féval - Les Cinq - 1875, volume 2.djvu/86

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Jamais ! interrompit le comte qui mit la main sur son cœur. Je n’ai pas vos capacités, mon cousin, mais je ne suis pas un sot et j’ai toujours jugé impossible qu’entre vous et un autre homme quelconque, le choix d’une femme quelconque pût hésiter, ne fût-ce que la durée d’un instant !

M. de Sampierre lui tendit ses bras.

— Mon ami, reprit-il en désignant un siège, aucun de nous n’est parfait : la religion elle-même l’enseigne. Asseyez-vous. Au point de vue du Code civil je n’avais pas le droit d’invoquer le jugement de Dieu, tombé en désuétude. C’est ce Jean de Tréglave qui était un chevalier, c’est-à-dire un fou. Il a donné son existence entière et n’a rien reçu en échange. En Italie, nous n’avons pas cela, hein, bambino ?

Pernola cligna de l’œil. M. de Sampierre riait tout bas bonnement.

— C’est français, continua-t-il après un silence, et beau à mettre dans les almanachs, comme le coup de chapeau de Fontenoy qui coucha douze cents gentilshommes sur le carreau et faillit faire de la France une Pologne. Voyons ! Battista, mon cher garçon, vous causez aussi agréablement qu’autrefois. Ne m’avez-vous pas dit que vous aviez à me parler de l’enfant ?

Son doigt désignait le portrait sans visage qui était maintenant sur le chevalet. Pernola répondit :

— En effet… de l’enfant et de la mère.

Le regard du marquis devint méfiant et s’assombrit.

— Mais auparavant, continua Pernola, j’aurais une question à vous adresser, et je n’ai pas l’habitude d’in-