Page:Féval - Les Cinq - 1875, volume 2.djvu/87

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terroger mon cher maître avant d’en avoir reçu l’autorisation.

— Mon cousin, je vous l’accorde.

Ceci fut prononcé avec une majesté vraiment royale. Pernola remercia en s’inclinant humblement et sembla se recueillir.

— Veuillez d’abord, dit-il, être bien persuadé de ceci : c’est que toutes mes actions, comme toutes mes paroles ont le même but : votre intérêt et celui des personnes qui vous sont chères. La question dont il s’agit, la voici ; êtes-vous bien sûr d’avoir tué l’enfant ?

M. de Sampierre ne répondit pas tout de suite. Il regarda son cousin fixement. Sa physionomie exprimait la plus absolue froideur.

Puis, tout à coup, sa paupière trembla et une larme brilla entre ses cils.

— Mon fils ! balbutia-t-il. Un doux ! un cher petit ange aux pieds de Dieu !

Puis encore, changeant de ton et glissant vers Pernola une œillade cauteleuse, il murmura :

— Vous êtes-vous vendu à mes juges, Giambattista Sampietri ?

Pernola se laissa aller à deux genoux et lui baisa les mains en sanglotant.

— C’est bien, fit le marquis en se redressant, j’ai tort, vous êtes un loyal parent. Et d’ailleurs, je ne vous crains pas plus qu’un autre : je suis fou. C’est acquis. Mon interdiction est prononcée légalement. Nul ne peut rien contre moi.