Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/105

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nous a ses peines, et vous m’avez reproché parfois mes distractions.

— Il est vrai, répéta la fillette en piquant l’accent comme il faut.

La mère Marie-de-Grâce approuva d’un signe de tête souriant.

— Cette belle voix, prononça-t-elle tout bas, semble faite pour parler notre chère langue d’Italie. Quand je suis triste, mon enfant, et distraite, c’est que ma pensée se reporte malgré moi vers le seul amour qui me reste en ce monde…

— Votre jeune frère ?…

— Julian ! mon bien-aimé Julian !

D’un geste plein de passion elle prit, sous le revers de sa robe, un médaillon qu’elle porta à ses lèvres.

Irène tendit sa main, qui tremblait un peu, et reçut le médaillon.

Ce pouvait être simple curiosité d’enfant.

Elle regarda pendant un instant la miniature cerclée d’or, représentant un jeune homme aux traits aquilins dont le visage semblait d’ivoire sous l’ébène de ses cheveux.

— Comme il vous ressemble ! murmura-t-elle en relevant son regard sur la mère Marie-de-Grâce, et comme vous êtes pâles tous deux !

Celle-ci dit à demi-voix :