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— Et tu ne m’en voudras pas ? fit Vincent étonné et presque contrarié.

— Ne connais-je pas votre cœur ?

— Mais si cela te rendait trop malheureuse ?…

Irène lui jeta ses deux bras autour du cou. Elle pleurait et souriait à la fois.

— Père, bon père, dit-elle, ne sois pas trop longtemps sans me venir voir !

Vincent lui baisa les mains avec une gratitude passionnée, et s’enfuit.

Quelques minutes après, Irène trouvait Marie-de-Grâce, non loin du banc où elles s’étaient quittées.

La mère assistante avait reparu derrière le massif où Vincent avait cru entendre un bruit.

La jeune fille était grave et recueillie.

Comme le regard de l’Italienne l’interrogeait, elle dit :

— Je ne sais si j’ai mal fait. Je me mépriserais si je croyais avoir joué la comédie. J’ai pleuré, mon père en avait l’âme brisée ; pouvais-je lui dire qu’il y avait de la joie dans mes larmes ?

— Pourquoi avez-vous pleuré, chère enfant ?

— Parce que mon père m’a demandé de faire le sacrifice de mes vacances.

Une flamme s’alluma dans les grands yeux noirs de l’Italienne, et cette parole lui échappa :