Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/116

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À moitié route, Vincent s’arrêta. Son malaise était visible.

— Ma parole, dit-il, ce sont des arbres comme aux Tuileries ! Et cet espace ! Nos jardinets font pitié à côté de cela. Je parie qu’ici vous n’avez pas souvent de malades ?

— Ces dames, repartit Irène, dont le minois s’éveilla, mettent le bon air de leur enclos bien au-dessus du climat de Nice.

— Elles ont raison. Elles doivent avoir raison. Voilà une chose que j’aurais voulu, c’est te conduire à Nice ou en Italie. Malheureusement, il y a impossibilité. Voyons, chère, veux-tu être gentille, mais là, comme un ange ?

Vous eussiez démêlé un espoir dans la prunelle étonnée, mais souriante, de la fillette.

— Je tâcherai, père, répondit-elle.

— J’ai des affaires… j’ai un voyage… enfin, tu penses bien qu’il faut une nécessité absolue pour me forcer à te faire cette demande. Je me faisais fête de tes vacances encore plus que toi…

Les paupières d’Irène se relevèrent, tandis que celles de Vincent se baissaient.

— Une ou deux semaines, poursuivit-il avec effort, un mois peut-être…

— Je resterai ici tant que vous voudrez, mon père, interrompit la jeune fille très émue. Ne craignez jamais de me demander un sacrifice.