grande dimension, se dressait un châssis qui était recouvert d’une serge.
Un autre chevalet plus petit était en place pour le travail et soutenait une toile largement ébauchée, représentant le combat de Diomède contre le nuage divin.
L’idée mythologique du guerrier blessant la déesse était rendue par un artifice original qui mêlait la tradition de l’ancienne école aux aspirations romantiques.
Diomède, occupant le premier plan et développant sa stature héroïque, tendait encore le bras qui avait balancé le javelot. La mêlée était au fond, voilée à demi par le nuage qui se déchirait comme si le dard l’eût percé d’une immense blessure, et laissait voir un corps de femme, admirable de beauté, dont la gorge était touchée par le fer.
On ne voyait pas la tête de Vénus, noyée déjà dans la vapeur qui allait se refermant.
C’était plein de mouvement d’un côté, de l’autre tout imprégné de mystère. Il y avait la brutalité du rodomont homérique et l’opprobre de l’arme sacrilège violant le chef-d’œuvre des dieux.
Il semblait que du sein de la nuée une plainte divine s’exhalât.
Reynier était à l’ouvrage et détaillait la musculature de son Diomède, magnifique et stupide, comme tout homme assez fort pour égorger Vénus.