Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/124

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— Toi, ne bouge pas, fit Reynier, je plante tes pectoraux… Et que diable me rabâchiez-vous des Habits-Noirs ? J’ai pris des renseignements ; il paraît que c’est une attrape-nigaud que cette histoire-là.

Similor enfla ses maigres joues et rendit une volumineuse bouffée de tabac.

— N’y a pas plus bête que la politique, dit-il, et les employés du gouvernement. La fierté remplit les gendarmes de suffisance. J’ai fréquenté M. Vidocq, comme les deux doigts de la main, dans l’intimité, et vous pouvez demander de mes nouvelles à l’estaminet de l’Épi-Scié, rendez-vous des farauds, où MM. Cocotte et Piquepuce m’emboîtaient le pas dans les circonstances du : Fera-t-il jour demain ?

Reynier cessa de peindre pour le regarder.

Il avait la laideur épique du voyou, cette fleur de la boue parisienne : cheveux jaunes envahissant le front étroit, nez à la Roxelane-ouistiti, bouche à pipe, regard idiot, étoilé d’une étincelle de génie ; le tout inondé par un rayon d’ineffable vanité.

Il se redressa sous l’œil du peintre, et, oubliant qu’il avait les jambes nues, il fit le geste de plonger ses mains dans ses poches.

— Ça confond toujours l’artiste ou bourgeois, reprit-il, de voir des personnes célèbres, qui n’a rien dans son porte-monnaie, par suite de ses malheurs. La chose des Habits-Noirs est aussi vraie comme le