Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/125

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soleil nous éclaire. Sans avoir été mélangé à leurs meurtres et infamies, toujours combinés avec un chic étonnant, j’ai su m’y faufiler assez profond pour en savoir les trucs sur le bout du doigt : tous gens calés, marquis, comtesses, banquiers et chefs de bureau dans les premiers ministères français, éducation soignée, commissaires de police, et des présidents en veux-tu en voilà, pour parer le coup de tampon, si l’affaire vient à la cour d’assises !

Il reprit haleine au bout de cette phrase étouffante, ce qui permit à Échalot de murmurer :

— C’est comme ça qu’il cause ! Sans qu’il est viveur et enragé pour les dames, on aurait du gâteau sur la planche dans l’association avec lui.

Il y avait un fait singulier, c’est que le jeune peintre, malgré la couleur grotesque de l’entretien, ne riait que d’un œil.

Il semblait écouter autre chose que ce qui était dit, et sa pensée travaillait.

— Campe ton bras droit ! ordonna-t-il à Échalot. Plus de force ! Le biceps ne saillit pas… tout ça est drôle, dites donc ! alors vous êtes deux anciens brigands ?

— Par exemple !… commença Échalot.

Similor l’interrompit et dit avec majesté :

— On aurait pu l’être facilement, mais on a été retenu par sa délicatesse.

— C’est donc dans la police que vous étiez ?