Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/137

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C’était l’intérieur d’un caveau rond-voûté, selon le style roman, éclairé par une seule lampe qui pendait à la clef.

Ce caveau contenait un trésor.

Que le peintre fut ou non un brigand, son imagination brutale et sombre, mais opulente, avait maîtrisé son sujet avec une incroyable fougue. Ce n’était pas la féerie orientale où tout vient en lumière, ce n’était pas le rêve blanc des Mille et une Nuits ; les diamants et les étoiles ne brillent bien que dans les ténèbres ; c’était l’apothéose de l’obscurité, glorifiée par le feu mystérieux des pierres précieuses et par les rayonnements de l’or.

Partout, dans le souterrain, dont les profondeurs invisibles semblaient immenses, l’œil devinait des fortunes amoncelées. Une seule étincelle trahissait une colline de ducats mêlés, à la pelle, avec des besans turcs, des guinées anglaises et des louis de France ; un seul reflet dénonçait d’informes, de prodigieux tas de débris, faits avec des statues d’argent, broyées comme on casse les pierres de nos routes, avec des vases d’or, entiers ou mâchés sous le maillet pour tenir moins de place.

Les lingots se dressaient en pyramides, les rubis, les topazes, les émeraudes ruisselaient en ondes mystiques auxquelles la lampe morne arrachait de vagues et puissantes lueurs.

Il y en avait, il y en avait ! Jamais la noire folie d’un