Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/136

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Tandis que lui, ce pauvre Reynier, défaillait presque de bonheur.

Il trouvait cela bien et n’en concevait nulle inquiétude.

À Rome, il n’avait étudié que la peinture. Les choses de la vie lui étaient inconnues.

Quand Irène vint à l’atelier, un jour de sortie, elle voulut tout voir. On ravagea les cartons, on déroula les esquisses et les études. Irène avait du goût. Elle remarqua une toile d’assez grande dimension, brossée dans une manière énergique et heurtée qui rappelait le procédé des maîtres espagnols.

— Il faut mettre cela sur châssis, dit-elle, c’est beau. Viens voir, père !

— Qu’est-ce ? demanda Vincent, qui s’approcha.

— C’est une copie d’après Le Brigand, reprit Reynier.

— Quel brigand ?

— Le peintre n’a pas d’autre nom. Le tableau original faisait partie de la galerie du comte Biffi, neveu du cardinal qui lança Fra-Diavolo et ses camorre contre l’armée française en 1799.

Vincent qui avait d’abord jeté sur la toile un coup d’œil indifférent, la regardait maintenant avec une attention extraordinaire.

Le tableau représentait un sujet bizarre et tout à fait empoignant, comme on dirait en style d’atelier, malgré sa tournure énigmatique.