Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/139

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

proposée par cette étrange toile, tout mourant qu’il était, tendait avec résignation une clef à son assassin et prononçait des paroles qui semblaient être la révélation d’un secret.

Entre eux deux et malgré une différence d’âge qui ne pouvait être évaluée à moins d’un demi-siècle, une ressemblance existait.

Vincent contempla le tableau pendant plusieurs minutes en silence. On eût dit qu’il faisait effort pour garder son sang-froid.

— C’est le trésor des frères de la Merci, dit Reynier, comme s’appelaient entre eux les bandits de la seconde et de la troisième camorre, dits aussi les Veste nere ou Habits-Noirs.

— Le vieillard est Fra Diavolo ? demanda Vincent.

— Fra Diavolo mourant, oui ; le jeune homme est Fra Diavolo naissant, car ces coquins-là jouaient le jeu du Phénix qui rajeunit sans cesse, et vous voyez quels moyens ils employaient.

— Le fils tuait le père ! prononça tout bas Irène en frissonnant pour cela.

— Quand le père ne parvenait pas à supprimer le fils.

— À qui ressemble donc le vieillard ? murmura Vincent.

— Au colonel Bozzo, parbleu ! cela m’a frappé dès la première fois que je l’ai vu.