Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/145

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Chez lui, c’était tout simplement une frayeur, échappant au ridicule par sa naïveté même et surtout par sa gaieté.

La dame répondit sur le même ton rieur :

— Je n’ai aucune espèce de prétention sur votre cœur. Je suis probablement mariée, et, d’ailleurs, j’ai mes pauvres.

Reynier rougit un peu.

— Bon ! fit-il, un mot de duchesse ! Je ne suis pas de force à ce jeu-là, madame. Dites-moi ce que vous désirez.

— Il faut d’abord que vous sachiez si je vous conviens.

— J’en jurerais ! s’écria Reynier.

Il ajouta :

— Est-ce que je vous connais, madame ?

— Non, répliqua l’inconnue. Faisons vite. J’ai hâte de savoir si vous accepterez mes conditions.

Sur un geste d’elle, Reynier s’éloigna.

— Fait ! dit-elle, après quelques instants, comme les enfants qui jouent à cache-cache.

Reynier revint et se trouva en face d’une femme entièrement nue, sauf la tête et les pieds, qui disparaissaient derrière le flot de gaze disposé pour figurer le nuage.

Reynier resta comme ébloui. C’était la beauté même, la splendeur de la beauté. C’était Vénus, la