Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/146

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voluptueuse mère des désirs, l’amour des dieux, l’enivrement de la lyre antique.

— Est-ce que cela vous suffit ? demanda l’inconnue, toujours voilée de noir, même sous l’abri de sa nuée.

— Vous allez exiger beaucoup, dit Reynier, qui effaçait déjà sa première esquisse.

— Rien qui vous regarde, répliqua Vénus, et pendant que nous discutons notre marché, je vous permets de me voler quelques contours. Je viens d’Italie comme vous. Je suis mêlée à une aventure mystérieuse, drame ou comédie, peu vous importe. Le hasard m’a mis en présence d’un tableau qui vous appartient…

— Celui du Brigand ! s’écria le jeune peintre. Cette diable de toile est fée. Tous ceux qui l’ont vue croient y reconnaître quelqu’un…

— Vous avez bien cru vous y reconnaître, vous ! prononça Vénus à voix basse.

— Et après ? fit Reynier, est-ce le tableau que vous voulez pour votre pose ? il est vendu ou plutôt donné, mais je peux vous en faire une copie.

— Ce n’est pas le tableau, répondit l’inconnue, c’est l’histoire du tableau.

— L’histoire est dans le tableau même. Regardez-le, vous la lirez.

— Vous ne me comprenez pas. Je cherche quelque chose… ou quelqu’un.