Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/148

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Reynier s’arrêta de peindre.

— C’est pourtant vrai, pensa-t-il tout haut, que sans mon aventure de Sartène, je n’aurais pas fait attention à cette toile perdue dans le mauvais jour d’une encoignure et tuée par le voisinage d’un Giorgione qui la mettait à l’ombre comme sous un parapluie.

Le beau corps de l’inconnue eut un léger tressaillement à ce nom de Sartène, mais elle garda le silence.

— Voyez-vous, reprit Reynier, toutes ces choses-là me sont tellement indifférentes, que je resterai votre débiteur, même après vous les avoir dites. C’est bien le moins que je vous amuse pendant que vous posez. Je n’ai jamais conté mon voyage à personne, j’entends à personne d’étranger. Voulez-vous que je vous le dise ? il est curieux.

— C’est exactement cela que je vous demande ; mais ne passez rien.

— Alors, vous choisirez votre salaire dans le tas, sans que je sache ce que vous m’avez pris ?

Quien sabe ? prononça l’inconnue avec le pur accent espagnol : qui sait ? Je désire pour vous, mon cher peintre, que vous ne soyez jamais mêlé qu’à de joyeuses histoires. Mais le temps passe : commencez.

Reynier commença ou plutôt voulut commencer par la visite de Francesca Corona, qui avait apporté,