Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/177

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mée de sa pipe qu’il venait d’allumer. Il répondit à la question de la vieille :

— Il faudra remuer bien des pierres pour savoir au juste ce qu’il y a dans la douve. Le tourillon n’était pas large, mais il était haut, et à l’endroit où sa base se plantait dans la terre, la douve avait la profondeur d’un ravin. J’ai allumé la lanterne et je suis descendu. Quelle nuit ! L’enfer était sorti de son trou. J’ai été soldat, j’en ai vu de rudes à la guerre. J’ai entendu une fois dans ma prison les planches de mon échafaud qu’on clouait… Ça frappe dur sur l’estomac, ces coups-là, ma commère ! Il y en a qui obéissent au Maître, pour ceci ou pour cela ; moi, il m’a ressuscité quand le panier était déjà prêt pour recevoir ma tête… Eh bien ! ce soir, au fond de la ravine, j’avais la même sueur froide que la nuit de l’échafaud.

J’ai trouvé au fond du trou un gros tas de décombres et je me suis mis à chercher. J’ai reconnu d’abord le vêtement de Giam-Paolo, qui était un sac, où il y avait de la bouillie rouge, et puis j’ai été longtemps sans rien voir.

Entre deux grosses pierres, un bout d’étoffe sortait : quelque chose qui gardait un peu de couleur bleue.

Nicholas Smith avait une chemise bleue comme les marins.

Je ne pouvais pas remuer les pierres de taille,