Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/178

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mais j’ai fourré ma main dans la fente. C’était chaud. Il n’y avait plus besoin de chercher : Nicholas Smith était là, aplati et broyé comme de la pâte à carton.

Du prêtre, je n’ai rien trouvé, à moins que ce ne fût le prêtre, des lambeaux de chair et des plaques de sang qui étaient après les pierres…

— Mais le marquis Coriolan ? demanda la vieille Bamboche d’une voix étouffée.

— Lui, ce fut le dernier, répondit le marchef tout bas. J’avais fouillé le tas entier des décombres. Je vis dans le ravin, à quelques pas, quelque chose de blanc sur l’herbe noire. J’eus froid dans les veines. Le corps était intact. Le jeune maître était couché sur le dos et semblait dormir.

Comme je m’approchais, une rafale éteignit ma lanterne, et la voix du tonnerre s’engouffra terriblement dans le trou. Je ne voyais plus rien.

Mais tout à coup la nuit s’embrasa, et le corps sortit de l’ombre, plus éclatant qu’un marbre, sans blessure ni souillure, avec son visage sans barbe comme celui d’une belle femme, son front de neige entouré de cheveux noirs, et ses grands beaux yeux tout ouverts.

La vieille balbutia les paroles latines qui accompagnent le signe de la croix.

— Tu n’as pas eu le cœur de le frapper, mort qu’il était, bourreau ! murmura-t-elle si bas que ses paroles venaient à peine jusqu’à moi.