Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/182

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Je dis, et il parut que ce fut en souriant :

— Si vous avez fantaisie de me tuer, ce ne sera pas bien difficile.

Le marchef baissa les yeux. Il semblait combattu par deux idées contraires. La Bamboche dit en manière d’explication :

— Quand il est arrivé, la marche lui avait tenu le sang chaud ; maintenant il a les veines figées.

Celui qu’on appelait le Maître était désormais si près que je pus entendre sa voix cassée disant derrière moi :

— C’est tout de même étonnant que la tourelle ait attendu notre passage pour tomber. Comme ça se trouve !

Il eut un petit rire sec qui n’éveilla aucun écho parmi ses suivants.

Le marchef avait pris son parti. Il me saisit par les flancs et me chargea sur ses épaules sans précaution aucune.

La vieille nous suivit jusqu’à la porte de sortie et dit en la refermant sur nous :

— Il y eu assez de morts cette nuit. Épargne celui-là.

Le Marchef descendit l’escalier du plus vite qu’il pût, et nous nous trouvâmes bientôt dehors, où la tempête continuait.

Il me déchargea contre le mur et me demanda :

— Pouvez-vous marcher, jeune homme ? Je n’ai