Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/190

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C’était le drame de ma nuit sicilienne que je revoyais, mais retourné en sens inverse. Ici, l’assassin était le fils et la victime le père ou l’aïeul.

Je ne puis vous dire à quel point me paraissait exacte la ressemblance entre les deux personnages du tableau et les deux portraits de la chambre où la vieille Bamboche m’avait accordé l’hospitalité.

Seulement, ici les costumes donnaient une date à la peinture. Elle avait dû être faite dans le dernier quart de l’autre siècle.

De sorte que le jeune homme du tableau de la galerie Biffi pouvait être le vieillard du portrait de Sartène…

— C’est certain ! dit vivement Vénus, dont nous avons supprimé depuis longtemps les marques d’intérêt pour ne point allonger notre récit. Vous calculez juste.

Elle avait quitté les coussins et refaisait sa toilette derrière le tableau qui lui servait d’abri. Elle ajouta :

— Vous parliez de roman, je n’en connais pas de plus curieux que celui-là. Je suis sûre d’en rêver bien des nuits

— Par lui-même, reprit Reynier, par le fait mystérieux et dramatique qu’il représente, le tableau est de ceux qui forcent l’attention, il vous a frappée, madame, jusqu’à vous induire à une démarche assurément singulière, il a frappé mon père comme vous.