Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/204

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cent, reprit la belle comtesse, c’est pour cela que je ne me gêne pas avec vous. Je suis bonne fille : au lieu de vous en vouloir, je vous ai fait mon architecte ordinaire. Essayez cependant de dire aux badauds blasonnés du faubourg Saint-Germain que vous avez soupé avec moi à 32 sous chez Flicoteaux : je vous en défie !

Carpentier s’était remis de son trouble.

— À quoi bon ferais-je cela ? demanda-t-il tranquillement.

— On ne sait pas. Nous sommes deux pour la pomme. Historiquement, c’est Ève qui la cueille ; Adam n’a que la seconde bouchée. Peut-être serez-vous assez fou pour vouloir la manger tout entière.

— Je suppose bien, belle dame, dit Carpentier de plus en plus froid, qu’il y a un sens très raisonnable sous vos paroles ; seulement, je ne le saisis pas. Comme mon plus vif désir est de rester votre humble serviteur et ami, nous serions probablement d’accord déjà, s’il vous avait plu de vous exprimer autrement qu’en énigmes.

La comtesse Marguerite lui adressa un signe de tête approbateur.

— Parlons donc clairement, répliqua-t-elle. Le hasard mêle la fantaisie aux choses les plus graves. Le tableau de la galerie Biffi qui donne un corps à notre commune pensée nous a rapprochés aujourd’hui, mais je vous suivais de l’œil dès longtemps, et