Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/205

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j’aurais été vous trouver si je ne vous avais rencontré. Commencez-vous à comprendre ?

L’architecte s’inclina en silence.

— Il y a dans ce tableau, poursuivit Marguerite, deux hommes et un trésor. Les deux hommes sont à Paris.

— Même le mort ?… interrompit Vincent qui essaya de sourire.

— Le vieux et le jeune, continua la belle comtesse, l’aïeul et le petit-fils. Lequel des deux mourra cette fois ? La bataille est entamée. Le vieillard est dans sa forteresse, gardé par sa prudence et par son or. Le jeune homme marche seul à l’assaut. Il a pour lui la destinée.

— Croyez-vous réellement à tout cela, belle dame ? demanda Vincent.

— J’y crois un peu moins que vous, cher monsieur, mais j’y crois beaucoup. J’ai vu cette figure imberbe du tableau, deux lois, tour à tour homme et femme… Vous avez pâli !

Vincent Carpentier avait en effet changé de couleur parce que les dernières paroles de la comtesse de Clare avaient évoqué pour lui une vision.

Cette femme de grande taille, à figure blême et froide, encadrée de voiles noirs, qu’il avait rencontrée près de sa fille au couvent, la mère Marie-de-Grâce venait de passer devant ses yeux.

— Madame, murmura-t-il, pour peu que votre des-