Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/225

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— C’est bien certain, se dit-il, la voiture faisait un circuit : toujours le même circuit.

Deux années avaient déjà passé depuis lors. Commensal de l’hôtel Bozzo, il en avait plus d’une fois parcouru tous les détours. Il était architecte. Sous les rayons de la lune, dans la boue desséchée du Champ-de-Mars qui formait poussière, il se prit à tracer machinalement des lignes avec le bout de sa canne, et je ne sais comment ces lignes arrivèrent à être le plan du rez-chaussée de l’hôtel Bozzo.

Il bouleversa du pied ce plan avec colère aussitôt qu’il fut achevé, disant :

— Je ne sais pas ! je ne voudrais pas savoir !

C’était un honnête homme, figurez-vous, je ne saurais trop le répéter. Mieux que cela, c’était un brave homme, et je vous en donne pour preuve sa conduite vis-à-vis de Reynier.

Il avait du cœur, puisqu’il s’était laissé ruiner par la longue agonie d’une femme aimée.

Nous ne parlerons pas même de probité, c’est un gros mot qui se doit sous-entendre. La vie entière de Vincent Carpentier lui donnait droit à un autre mot qui est meilleur : il avait de la délicatesse.

— Quand il y aurait là tout l’or du monde, se disait-il en regagnant son logis, cet or n’est pas à moi. Qu’ai-je à y voir ?

Sans doute, c’était sage, mais la fissure ! L’idée rôdait alentour.