Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/224

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« Que m’importe ce mystère ? Qu’ai-je à voir là-dedans ? À supposer qu’il y ait là des choses en dehors de la loi, je ne suis pas complice, puisque je ne sais pas. Je ne voudrais pas savoir. Princesse ou trésor, le contenu de la cachette est le cadet de mes soucis… et peut-être que je me trompe en pensant que c’était la même voix : la voix du premier soir qui demanda : « — N’avez-vous rien à déclarer ? » à la barrière, et qui dit : « Merci, bourgeois ! » devant le passage Choiseul, quand le colonel donna pour boire au cocher… »

Je suppose que vous découvrez déjà la fissure.

Vincent était un architecte fort employé. Le colonel avait pris vis-à-vis de lui posture de protecteur. Vincent allait dans le monde du colonel, les commandes pleuvaient, il était reçu à l’hôtel de la rue Thérèse.

Mais parfois, au lieu de rentrer chez lui, il s’égarait malgré l’heure tardive, vers les Champs-Élysées, et alors, une singulière émotion le prenait.

Une nuit, il alla jusqu’au Champs-de-Mars, une belle nuit éclairée par la pleine lune.

Et tout en répétant son refrain : « Que m’importe ? Qu’ai-je à voir là-dedans ? etc., » il chercha la place où il avait fait cette singulière expérience, les yeux, bandés, autour de sa canne, fichée en terre, le matin de ce jour où Francesca-Corona était venue dans sa pauvre mansarde prendre Irène et Reynier.