Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/229

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résoudre autrement qu’en sondant le vieux rempart. À quoi bon ?

Le lendemain, il se dit encore :

— On peut sonder avec le regard comme avec une tige de fer.

Le surlendemain, un vieil homme de pauvre apparence, coiffé de cheveux gris, vêtu d’une houppelande déteinte et portant un vaste garde-vue vert, loua une mansarde de la rue des Moineaux, qui avait regard sur le jardin de l’hôtel Bozzo-Corona.

C’était Vincent Carpentier, arrivé à la seconde période de sa manie et prenant conscience à la fois de deux choses : l’existence de son idée fixe et le danger auquel son idée fixe l’exposait.

Vincent Carpentier se déguisait, Vincent Carpentier se cachait.

La veille, il s’était senti pâlir sous le regard du colonel.

Il lui avait semblé que ce regard, bienveillant mais teinté d’une nuance de pitié moqueuse, entrait en lui comme un scalpel.

Il avait essayé, mais en vain, de se réfugier dans le mensonge de son indifférence. L’obstination entêtée de son long travail lui avait sauté aux yeux. Il avait vu avec surprise, avec crainte aussi, l’effort, involontaire, poursuivi pendant plusieurs années.

Et quand il avait voulu se demander encore :