Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/230

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« À quoi bon ! » quelque chose avait frémi au fond de sa poitrine.

Un remords ? Je ne sais. Mais je sais qu’il ne s’était pas arrêté.

Au contraire, il marchait de plus belle ; son travail implacable se poursuivait, et, symptôme funeste, il se cachait maintenant. Il se déguisait.

Le déguisement était du reste une nécessité ; car le fait d’établir un poste d’observation à deux pas de la maison du colonel constituait une attaque véritable.

Vincent sortait du bois. Son calcul tournait en acte. Il commençait la guerre.

Dès cette première nuit, Vincent monta la garde à sa lucarne depuis la brune jusqu’au point du jour. Bien des fois, pendant ces heures lentes, il se révolta contre lui-même ; bien des fois, il quitta sa place pour fuir, mais une fièvre sombre le tenait captif. Il voulait savoir.

L’Idée fixe était déjà plus forte que sa conscience.

Cette nuit, il ne vit rien. Il en fut de même des nuits suivantes pendant plus de deux semaines. Vincent dormait le jour, mais la fièvre montait et les rêves de Vincent n’étaient plus les mêmes.

L’or entrait dans sa folie.

Il ne s’était pas dit : Je veux le trésor, mais il fermait les yeux pour ne plus lire le livre de son âme.