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Vincent n’avait pu distinguer à l’œil nu ni le visage, ni même la tournure de l’homme qui la portait.

C’était le dernier fil qui arrêtait la solution définitive du problème. Il y avait, en effet, probabilité, mais non pas complète certitude. Ce pouvait être un valet, ce pouvait être aussi quelque homme de proie, attiré par l’aimant de l’or et rôdant, comme Vincent lui-même, autour de cette porte close qui laissait échapper un vertige.

Vincent voulait être sûr, absolument.

Cette nuit, la longue vue, braquée d’avance, lui montra derrière les carreaux de la première fenêtre, puis derrière les vitres de la seconde et ainsi de suite, de croisée en croisée, jusqu’au fond du jardin, la silhouette frêle et chancelante du colonel Bozzo qui portait une lampe à la main.

Et Vincent se dit avec un grand mouvement d’orgueil et de terreur :

— Le trésor est à moi, — si je veux !

Voulait-il ?

À cette question, Vincent lui-même n’aurait pas encore su répondre.

J’entends le matin. — Ce soir, après le départ de Piquepuce, il avait sa tête entre ses mains, parce qu’il interrogeait sa fièvre, cherchant à savoir ce qu’il y avait au fond de ce délirant effort qui lui avait pris sa vie.