Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/268

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L’amitié de Damon et de Pythias donnerait une faible idée du lien qui attachait Piquepuce à Cocotte et réciproquement.

Leur affection mutuelle, corroborée par l’estime, eût inspiré de nobles tirades aux principaux poètes de l’antiquité.

— Voilà l’objet, dit Piquepuce en riant. A-t-il l’air assez étonné ?

— Prends garde de l’endommager, ajouta Cocotte. Je parie un sou qu’il a mon trousseau dans sa poche.

Sa main exercée trouva du premier coup le « monseigneur, » et il dit encore :

— Mon prince, à tous les métiers faut un apprentissage. Dans dix ans d’ici, si vous suivez bien mes leçons, vous pourrez débuter, mais au jour d’aujourd’hui, bernique ! un four, quoi ! Pas de chance. Vous avez mis vos deux pieds dans le plat.

La porte de l’hôtel, située tout contre le mur, du côté de la rue, était ouverte ; une petite voix cassée sortit de là, disant :

— Apportez-le-moi par ici, et ne lui faites pas de mal à ce vilain mauvais sujet. Je l’avais averti de ce qui lui arriverait. Ah ! le méchant ! le méchant !

Cocotte, Piquepuce et deux autres soulevèrent Vincent, qui par les pieds, qui par la tête, et le portèrent jusqu’au petit perron, sur la dernière marche