Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/269

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duquel une tête grimaçante et ridée, chaudement enfouie dans un bonnet de coton, se montra.

Le colonel frissonnait un peu dans sa douillette, malgré la chaleur, mais il avait l’air tout guilleret. Ses deux mains sèches se frottaient l’une contre l’autre et il promenait son regard de chouette du prisonnier aux exécuteurs.

— Bravo, Piquepuce, mon bonhomme, dit-il ; bravo, Cocotte, vous êtes deux jolis sujets. Je ne m’étais pas couché, tant j’étais sûr que vous me réussiriez cette petite opération-là.

Il ajouta, en s’adressant au prisonnier :

— Ah ! Vincent ! Vincent ! ma pauvre poule, tu n’as pas l’air à ton aise ! T’es-tu assez mal conduit avec moi ! Et dire que toute ma vie je n’ai obligé comme ça que des sans cœur. Mais il y a des gens qui ne se corrigent jamais, c’est sûr. J’ai beau faire, je ne peux pas me débarrasser de ma philanthropie, et jusqu’à mon dernier soupir, je chérirai cette perverse humanité. C’est bête, mais ça fait mon éloge.

La porte où le colonel s’était montré donnait accès dans un vestibule étroit et humide, dont le sol était en contre-bas du reste de l’hôtel. Un escalier de service s’y plantait.

Le tout était éclairé par une lanterne suspendue à la voûte.

— Montez, ordonna le colonel, qui resta le der-