Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/272

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C’étaient aussi les deux portraits si bien décrits dans le récit de Reynier : ceux qui ornaient la chambre du Père-à-Tous, dans cette maison mystérieuse et en quelque sorte fantastique que le jeune peintre n’avait jamais pu retrouver aux environs de Sartène ; la chambre où la vieille Bamboche avait servi deux fois à souper, à Reynier d’abord, ensuite à Coyatier dit le Marchef.

La ressemblance du colonel était frappante. Le portrait du marquis Coriolan, imberbe, avec ses traits de marbre blanc repoussés par le noir mat de sa grande chevelure, changea pour quelques secondes le cours des pensées de Vincent.

Il y avait pour lui trois êtres qui vivaient sous cette apparence inanimée : le meurtrier du tableau Biffi, l’inconnu de la rue des Moineaux, et cette femme qui lui faisait peur maintenant, parce qu’il ne pouvait plus protéger son Irène : la mère Marie-de-Grâce…

Le long du mur qui touchait au jardin — à la place même indiquée sur le plan de Vincent par le point rouge — il y avait une alcôve, et dans l’alcôve un lit d’ébène à colonnes massives, autour duquel se drapaient de sombres rideaux.

Vincent fut déposé par ses porteurs sur le tapis, où il resta étendu. Piquepuce d’un côté, Cocotte de l’autre, se penchèrent au-dessus de lui pour lui demander ironiquement comment il se trouvait.