Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/273

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Le colonel se mit dans un grand fauteuil qui était auprès de l’alcôve.

— Voilà une jolie petite expédition, mes bijoux, dit-il, et bien faite. J’ai à causer avec ce vilain laid, qui a payé mes bontés par la plus noire ingratitude. Voyez voir à me consolider toutes ces ficelles. Mettez-en d’autres, s’il le faut. Je le veux empaqueté comme un colis, — car je ne suis pas bien fort, vous savez, et s’il parvenait seulement à recouvrer l’usage d’un seul doigt, il serait capable de m’écraser comme une puce.

Cocotte, Piquepuce et les autres, obéissant à cet ordre, s’occupèrent aussitôt à resserrer les liens de Vincent.

Les cordes étaient neuves et bonnes. Chacun voulant montrer son zèle, on prit un véritable luxe de précautions, et Piquepuce quand l’opération fut achevée, put dire :

— Le voilà ficelé comme un pétard !

Le colonel alors se leva et vint examiner lui-même l’ouvrage.

Il fit encore ajouter çà et là un tour ou une demi-clé, de sorte que ce fut un chef-d’œuvre de garrottage.

Il n’y avait pas un pouce du corps de Vincent qui n’eût son entrave ou son nœud.

— À la bonne heure, mes chéris, fit le vieillard, sincèrement satisfait. Cela vaut une douzaine de ca-