Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/275

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te chagriner que je te dis cela, mon pauvre garçon, mais puisque tu croyais au trésor, pourquoi as-tu entamé la lutte ? On ne se bat pas contre tant d’argent.

Il sortit de sa poche une boîte d’or, entourée de perles fines, sur laquelle était le portrait de l’empereur de Russie, et l’ouvrit pour y prendre deux ou trois grains de tabac qu’il flaira à distance,

— Il en est de tout comme de ceci, poursuivit-il ; je n’ai besoin de rien ou plutôt je ne puis user de rien. Un éternuement me casserait. Sais-tu combien il y a de grains de tabac dans un cornet d’un sou ? combien de bouchées dans un pain ? combien de gouttes de vin dans un verre ? je vis avec une bouchée de pain, une goutte de vin et le grain de tabac est mon excès. Je me propose même de renoncer à cette mauvaise habitude. Fifi, à part mon loyer et mes écuries, je ne consomme pas la valeur de vingt centimes par jour.

Remarque bien ceci : La richesse est moqueuse comme toutes les grandes dames. Elle fait ses farces peut-être en tapinois, avec de forts garçons comme toi, mais elle glisse entre leurs bras vigoureux et ne se laisse prendre en définitive, que par ceux qui ne peuvent plus… hé ! hé ! hé !

Il eut un rire paisible.

— Ces cordes me font souffrir beaucoup, dit Vincent.