Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/274

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misoles de force. Demain, vers les dix heures du soir, il fera jour. Peut-être que l’on creusera un trou dans le jardin. Maintenant, allez souper ou déjeuner, à votre choix. Toute la journée la caisse sera ouverte et vos petits comptes seront prêts. À vous revoir.

Il adressa à chacun un signe de tête paternel qui équivalait à un congé. Les six bandits prirent la porte.

— Ne fermez pas, dit encore le colonel, j’aime le grand air. Allez-vous-en par la rue Thérèse, le concierge a des ordres.

Quand il fut seul, il s’enfonça de nouveau dans sa bergère.

Vous eussiez fait tout Paris sans trouver une figure plus placide et plus calme que la sienne.

Vincent, lui, avait subi un tel choc, que ses facultés restaient presque annihilées. Et pourtant il avait compris le sens de cette terrible parole prononcée si tranquillement :

Peut-être qu’on creusera un trou dans le jardin.

Il restait immobile et comme mort, paralysé par son abattement plus encore que par ses liens.

Le colonel, qui le considérait d’un air en vérité tout amical, secoua la tête doucement et dit :

— Imbécile !

Malgré lui, Vincent releva les yeux.

— Imbécile ! répéta le vieillard. Ce n’est pas pour