Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/279

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froid, te souviens-tu, par ces nuits d’hiver ? Le poêle était là, derrière moi. Comme il ronflait ! Tu ne peux pas m’accuser de t’avoir pris sans vert, je t’avais prévenu. Mais à quoi servent les avertissements ? L’amour qui rend fou, l’amour d’une femme n’est rien auprès du délire de l’or. Je ne t’en veux pas, tu sais. J’aurais fait comme toi, seulement, je ne me serais pas laissé prendre. Qu’espérais-tu ? Le hasard t’avait appris l’histoire du vieux lion : doux comme un agneau, c’est certain, mais dévorant jusqu’à ses petits quand ils rôdent autour de son or, — autour de son âme ! Tu sais comme j’aime Francesca, ma Fanchette chérie, ma dernière tendresse, eh bien ! si Francesca savait ce qu’il y a derrière ces rideaux…

Il s’interrompit et montra de son doigt aigu le portrait de jeune homme pendu à la boiserie.

— Celui-ci était le frère de Fanchette, ajouta-t-il, et je l’aimais, — il est mort.

— Tuez-moi tout de suite, murmura Carpentier en un gémissement. Ma chair sa gonfle sous ces liens ; ces cordes sont des fers rouges qui me brûlent. Je ne peux plus supporter ce supplice !

Une convulsion agita tout son corps.

Povero ! dit le vieillard, je connais cela. Quand j’ai des souliers qui me gênent, j’en pleurerais ! As-tu des cors ? Ce jeune Reynier doit être un joli garçon maintenant, hé ? Son aventure de la campagne