Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/293

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

crois toujours entendre, murmura-t-il. J’ai de quoi remuer l’univers, mais rien ne peut défendre contre l’inquiétude, parce que rien ne peut faire obstacle à la destinée. J’entends souvent des pas qui sonnent dans ma tête. Voici deux jours que je ne me suis occupé du fils de mon fils, c’est une faute ; tu es cause de cela, tu absorbais mon attention. Demain, je veillerai pour trois jours.

Il traversa la chambre péniblement et ferma à double tour la porte qui donnait accès dans le salon.

Il n’y avait que cette issue.

En revenant, il dit encore :

— D’autres veillent pour moi. Je suis fou d’avoir peur. Il est seul, il est pauvre, et nous ne sommes ici ni dans les maquis de la Corse, ni dans les gorges de l’Apennin. J’ai ma police, j’ai mon armée. D’ailleurs l’or se défend de lui-même. Si je ne t’avais pas mis un nœud coulant autour de la gorge à toi qui rôdais aussi autour de mon bien, lu aurais peut-être étranglé le comte Julian…

— C’est certain ! s’écria Vincent : celui-là je le hais !

— Et les compagnons du Trésor, poursuivit le colonel qui reprenait sa gaieté placide, mes meilleurs amis qui sont mes ennemis mortels l’ont condamné comme ils t’avaient condamné, parce que, comme toi, il a refusé le partage. Vous voulez tout, lui et toi,