Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/301

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Il essaya de remuer — de se défendre peut-être, mais les cordes, resserrées par l’humidité de son sang, lui arrachèrent une plainte, en entrant plus avant dans sa chair.

Il voulut crier, mais le cri de détresse expira sur ses lèvres, parce que le colonel venait de s’arrêter, la tête penchée en avant, l’œil grand ouvert, la bouche convulsive, dans l’attitude de l’étonnement et de la terreur.

Un pas lent, mais sonore et sec, se faisait entendre dans la pièce voisine.

— C’est lui ! murmura le vieillard, qui laissa échapper son arme. C’est LUI !

Au-dehors, on tourna le bouton de la porte.

Comme la porte résistait, une voix grave s’éleva, qui dit :

— Mon père, c’est moi, ouvrez, il fait jour !

— Qui, toi ? balbutia le colonel, au comble de l’épouvante.

La voix répondit :

— Le comte Julian Bozzo Corona, votre petit-fils. L’heure a sonné. Je viens prendre votre héritage, mon père, et venger ceux qui sont morts.