Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/300

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Il repoussa la porte de la caisse qui rendit en se fermant un son métallique.

— N, i, ni, dit-il, c’est fini, mon bibi, tu as tout vu, tu as vécu. Me voilà qui ai sommeil, il faut nous dépêcher. Lequel aimes-tu mieux : un coup de stylet au cœur ; je sais la route, tu ne souffriras pas, ou un grain de poison sur la langue : j’en ai plus qu’il ne faut dans le chaton de ma bague. Choisis.

— Alors, fit Vincent au lieu de répondre, il y a bien deux milliards ? Peut-être trois ?

Le vieillard tourna vers lui son regard presque attendri.

— La mort ne te fait donc rien, bonhomme ? murmura-t-il. Ah ! tu es un gentil garçon, qui aime bien l’argent ! mais c’est égal, tu connais le secret qui tue… vrai, mon pauvre Vincent, je te regretterai.

Il sortit de sa cachette, dont la porte se referma comme celle de la caisse.

Puis il fit glisser le lit à colonnes qui, cédant aussitôt à l’effort de son faible bras, reprit silencieusement sa place au fond de l’alcôve.

La gorge de Vincent rendit un large soupir. La souffrance physique semblait renaître en lui avec l’angoisse morale. Le charme qui le tenait était détruit.

Il regarda avec une indicible terreur, le vieillard qui venait à lui et qui tenait un poignard à la main.