Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/303

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tants de Paris. À minuit, Paris travaille ou s’amuse. Le sommeil de Paris n’est complet que vers trois heures du matin.

Tous ceux qui ont besoin du sommeil de Paris savent cela.

C’est l’heure du guet-apens, du vol, du meurtre. Paris dort ; il est aveugle et sourd, il ne peut plus se défendre.

Dans le grand silence qui emplissait la chambre du Trésor, pendant une minute tout entière, Vincent Carpentier et le colonel n’entendirent que le bruit de leurs propres respirations.

Le colonel ressemblait à un homme que la foudre a frappé.

L’étonnante vigueur d’esprit qui combattait en lui les caducités de l’âge s’était affaissée d’un seul coup.

Il ne restait en lui qu’un misérable débris humain, chancelant et tremblant incapable de toute résistance.

Le sang-froid, qui était sa maîtresse force semblait l’avoir abandonné.

Ses yeux, arrondis par la terreur, se fixaient sur la porte. Ses bras tombaient le long de ses flancs.

Deux larmes muettes roulaient dans les rides de ses joues.

Il y avait une chose singulière : Vincent venait d’échapper à une mort certaine et immédiate. La di-