Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/307

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La voix du dehors s’éleva de nouveau, parlant sans hâte ni impatience :

— Mon père, dit-elle, pourquoi ne m’ouvrez-vous pas ? J’ai fermé toutes les portes derrière moi, et d’ici que vos serviteurs s’éveillent, il reste encore plus de deux heures. J’ai le temps d’ouvrir moi-même.

Le bruit d’un crochet qu’on introduisait dans la serrure se fit entendre.

Un tressaillement violent secoua tout le corps du vieillard.

Il se redressa à demi, et, plongeant la main sous les revers de sa douillette, il en retira un de ces pistolets américains, tout nouvellement importés en Europe, et que Colt, leur inventeur, avait baptisés du nom de revolvers.

Il en fit jouer les batteries. Un peu de sang revenait à ses joues.

Mais quand il voulut ajuster l’arme, les soubresauts nerveux de sa main le firent de nouveau pâlir et le replongèrent tout au fond de son épouvante.

Le crochet fouillait la serrure qui résistait, car elle était de celles dites à secret.

Mais il y avait dans le mouvement méthodique et lent de l’instrument quelque chose qui dénonçait l’habileté supérieure de l’ouvrier.

Le crochet ne se pressait pas. Il semblait sûr de son fait.